Il ne faudrait pas s’y méprendre : la Fantome Blackbird, c’est pas le Blackbird des Beatles, c’est l’avion-espion ultra rapide de l’armée américaine, le Lockheed SR-71 Blackbird. On n’est donc plutôt dans le bruit de moteur qui hurle ronfle que dans la promenade acoustique, puisque la Blackbird est une fuzz silicium.
À l’origine, la Fantome Blackbird était une façon de rendre hommage aux immortels circuits britanniques, la Tone Bender et la Fuzz Face, mais face au caractère imprévisible et indomptable des transistors au germanium, ils sont passés sur des transistors silicium russes KT vintage, d’une grande rareté et que l’on trouve aussi dans la Rinod de Fantome. Le résultat de ce choix de conception est que la Fantome Blackbird a beau être une fuzz à deux boutons comme on les connaît par coeur, elle a une personnalité bien à elle, plus épaisse que la Fuzz Face, un très beau mur du son chargé en fréquences graves, loin de l’agressivité un peu criarde de certaines répliques silicium.
Comme toute Fuzz Face qui se respecte, la Fantome Blackbird réagit au doigt et à l’oeil au moindre mouvement de potard de volume sur la guitare, et malgré le peu de réglages disponibles vous accédez ainsi à de nombreuses nuances. Le potard de gain porte l’indication “Danger Zone” à côté de son point maximum, et au-delà de la métaphore filée aérienne, la Blackbird se comporte vraiment de façon imprévisible dans cette dernière partie de la course, avec des harmoniques incroyables et un côté incontrôlable qui plaira aux bruitistes. On gagne aussi un switch qui active un troisième étage de transistor, ce qui donne un son plus brillant qui sera parfait pour ressortir en groupe.
La Fantome Blackbird est une preuve de plus du génie du design original de la Fuzz Face : dans son extrême simplicité, elle se prête avec grâce à toutes sortes d’interprétations, dont cette version française qui ne sonne comme aucune autre, et c’est tant mieux.