Le monde de la pédale n’échappe pas au contexte géopolitique mondial. Drunk Beaver est une marque ukrainienne, et les concepteurs maison ne pouvaient pas rester insensibles à l’invasion russe qui menace actuellement l’intégrité de leur territoire. Ils ont donc baptisé leur nouvelle pédale Ivan Mazepa, du nom d’un héros national du 17ème siècle. Les réglages ont aussi hérité de noms sans ambiguïté : Grandeur, Résistance, Diplomatie et Liberté.
Et tant qu’à rester dans la région, il s’agit en fait d’un hommage à une pédale soviétique, la Poltava Fuzz-Wah. Dans les années 70, le matériel américain n’était pas disponible dans le bloc de l’Est, et les fabricants se débrouillaient tant bien que mal pour imaginer des circuits qui imitaient les sons entendus sur des cassettes de rock que l’on se passait sous le manteau. Les rares guitares visibles en photo sur les rarissimes albums officiels qui avaient traversé le Rideau de Fer étaient copiées, mais avec un savoir-faire complètement différent. Même les formats de prise étaient différents.
La Ivan Mazepa est donc une fuzz dont le circuit ne doit rien aux références classiques du genre, et dont la topologie hybride germanium / silicium donne un son unique à l’épaisseur peu commune. On pense à une Big Muff en plus synthétique, et d’ailleurs ça marche très bien pour la basse aussi.
Les réglages permettent de contrôler le gain, le volume, la tonalité (avec un switch pour choisir son comportement, style Poltava ou tone stack de Big Muff justement, toujours très efficace), et surtout le Bias. Ce dernier réglage permet d’ajuster le caractère de la fuzz : l’originale est à midi, en-dessous c’est plus rond, au-dessus plus nerveux.
On adore les pédales de Drunk Beaver qui reprennent des circuits connus comme la RAT ou la DS-1, mais il y a quelque chose d’encore plus touchant dans l’idée que la Ivan Mazepa est une fuzz qui fait partie de l’héritage soviétique que la marque a décidé de partager avec nous.