Le nom d’une pédale peut suffire à tomber amoureux… Surtout lorsqu’il s’agit d’une référence aussi culte que le magnifique film de 1995 Dead Man, chef d’œuvre en noir et blanc de Jim Jarmusch avec Johnny Depp. Mais en l’occurrence, c’est surtout à la bande originale de cet objet filmographique non identifié que pensaient les deux jeunes créateurs moscovites de Lateral Phonics lorsqu’ils ont baptisé cette fuzz. De longues improvisations désertiques et solitaires noyées dans l’Echoplex et signées Neil Young. Alors forcément, lorsque l’on a été bouleversé par cette B.O., on est déjà prédisposé positivement pour écouter la Deadman.
Mais on peut aussi tomber amoureux du look d’une pédale, comme quand elle est une véritable œuvre d’art à part entière, avec un visuel de très bon goût peint à la main (bien plus artsy que les JAM ou autre ZVex), des boutons qui ne sont pas assortis et même des trous dans le métal qui laissent imaginer que l’engin a survécu à une fusillade dans le grand Ouest.
Enfin, une fois que l’on a pleinement apprécié ces caractéristiques, on se branche et on trouve une superbe variation hybride germanium / silicium sur le thème de la Big Muff Triangle. La Lateral Phonics Deadman est plus douce et plus crémeuse que son inspiratrice, elle permet même un son rythmique clair et pas trop saturé, mais peut tout à fait hurler son désespoir avec suffisamment de médiums pour ne pas se perdre dans le mix. Le bouton de tonalité est en fait un coupe-bas qui booste progressivement les médiums et les aigus au fur et à mesure qu’il calme les graves. Parfait pour ne pas perdre la précision lorsque le son s’épaissit méchamment.