Dans cet épisode, Alex et Swan parlent de la Rat, saturation légendaire au son gras, entre overdrive, distorsion et fuzz. On parlera d'abord du modèle original de ProCo et son histoire, pour ensuite parler des différentes utilisations que l'on peut avoir de la Rat. Pour finir par un comparatif de clones aux caractères particuliers et différents.
Historique de la Rat de ProCo
La Rat est une pédale de distorsion populaire, utilisée par de nombreux artistes pour sa sonorité grasse particulière à la limite de la fuzz. La première série arrive en 1978, avec la "Bud Box", produite à moins de 20 exemplaires dans le Michigan par ProCo. Le modèle de série arrive en 1981 avec la The Rat, dans sa version "Big Box", avec le potard de tone qui s'appelle désormais filter, qui est simplement un passe bas qui coupe des aigus quand le monte, sans créer d'autres fréquences. Ces exemplaires d'origine sont aujourd'hui très recherchés.
L'effet est basé sur la fameuse puce LM308, qui n'est pas une puce aux caractéristiques exemplaire pour de l'audio, mais qui fait tout le caractère sonore de la Rat, couplé à ses diodes de clipping. La pédale ne comporte qu'un seul étage de gain, contrairement à pas mal de pédales de distorsion, ce qui a poussé les concepteurs à pousser cet étage plus loin que ce qu'il faudrait lorsque le gain est au max, rapprochant l'effet d'une fuzz. Au contraire, avec le gain baissé, le fait de n'avoir qu'un seul étage permet d'obtenir une sonorité se rapprochant de l'overdrive, d'où le placement un peu indécis de la Rat entre overdrive, distorsion et fuzz.
On test la Rat originelle de ProCo
On pousse un peu l'ampli pour un son de base crunchy, ce qui permettra de mieux exploiter le caractère de la Rat sans pousser le gain à fond. Avec un gain très léger, on a une overdrive assez claire avec des basses coupées, que l'on l'entend bien en mettant le gain à 0. Ce n'est pas l'utilisation conventionnelle d'une Rat, mais la pédale fait le job et s'en sort correctement. En poussant le gain, on obtient une distorsion baveuse. La pédale réagit parfois lentement à l'attaque au médiator, une des caractéristiques de la Rat et dû au slew rate de sa puce.
La DS-1, la Rat selon Boss ?
Selon certaines rumeurs, le circuit de la Boss DS-1 serait extrêmement proche de celui de la Rat. On est donc allé vérifier, aussi bien en comparant les schémas qu'en comparant le son des 2 pédales. Effectivement, les circuits comportent quelques similitudes, tout deux possèdent un étage unique de gain hard clipping, mais la comparaison s'arrête là. Le reste du circuit diffère pas mal, la puce est différente, et on s'en rend vite compte en comparant le son des deux pédales, la DS-1 étant une réelle distorsion, ayant moins ce côté baveux s'approchant de la fuzz que l'on peut obtenir avec une Rat.
On stack la Rat avec des overdrives
La Rat a été utilisée par un nombre impressionnant de guitaristes, venant de milieux différents, comme Jeff Beck, Kurt Cobain, ou James Hetfield. Elle permet donc une palette de sons très large. Une des utilisations populaires est de stacker la Rat avec d'autres overdrives. On a donc ajouté au board la Archer Ikon de J.Rockett, une Klon Centaur revue, et une Antares de Tate FX, une Tube Screamer améliorée avec clean blend.
Premier test, on baisse le gain de la Rat, et on active la Archer, placée avant avec le gain à 0 et le volume poussé, qui va agir comme un boost. On se retrouve avec le même résultat que si on avait monté le gain de la Rat seule. On peut donc se servir de cette technique pour utiliser la Rat en overdrive, puis monter son gain avec la Archer pendant un solo par exemple. Second test, on rentre d'abord dans une Rat, pour ensuite aller dans un overdrive plus clair. La combinaison permet de rajouter des mediums, pour ressortir du mix.
Comparatif avec des clones
On a fait une grosse sélection de Rat revues par divers fabricants, qui comme on va le voir, proposent chacun sa propre réinterprétation de la pédale d'origine. On a des Rat pour tous les gouts !
La Jam Rattler, le clone qui fait dans la simplicité
On commence par la Rattler, qui propose les mêmes réglages que la ProCo. Pas de réglages supplémentaires, on remarque cependant l'inscription tone au lieu de filter, nous faisant penser qu'elle se veut une réinterprétation du tout premier modèle "Bud Box" de 1978. La pédale intègre une puce NOS LM308 d'origine pour un rendu fidèle.
La Tate FX Sirens Scream, une Rat avec options de clipping
La Sirens Scream de Tate FX se veux plus polyvalente, avec un switch qui permet de passer du clipping de la Rat originelle, à un clipping à LED, moins compressé avec plus de dynamique, voir une position sans clipping, pour laisser ressortir tout le caractère du LM308 qui sera le seul composant à saturer.
La Walrus Iron Horse, une Rat avec des basses
On passe à la Iron Horse, qui présente les mêmes caractéristiques que la Tate FX. La pédale a des basses plus présentes que la Sirens Scream, pour un son prenant plus de place dans le mix. A privilégier donc pour une utilisation en solo, alors que la Tate FX s'intègrera mieux pour jouer dans un groupe.
lA DRV De 1981 Inventions, la Rat au son brillant
On arrive à la 1981 Inventions DRV, avec son look sobre et élégant décliné dans tout un tas de couleurs différentes. La pédale a un côté brillant, avec une sonorité plus subtile que les autres pédales testées jusqu'à présent, surtout avec le gain baissé, pour ressortir davantage en groupe.
La ThorpyFX Warthog, une Rat qui tend vers la fuzz
La ThorpyFX propose les réglages classiques de la Rat, avec un potard supplémentaire Calibre, qui agit comme une sorte de gain supplémentaire, pour aller davantage vers la fuzz. Tout en pouvant aller sur des overdrives tout à fait convaincantes.
La Bat de Drunk Beaver, la Rat couteau Suisse
On finit par la Bat de Drunk Beaver, une sortee de Rat ultime, proposant un nombre impressionnant de clippings. On trouve une position boost qui est une Rat sans clipping, comme on l'a déjà vu, des diodes silicium, germanium ou LED en hard clipping, pour le son Rat avec différentes compressions, et des combinaisons soft clipping germanium ou à mosfet, pour une saturation plus douce et expressive. On peut même changer d'AOP, avec au choix un LM308 NOS ou UD1408A, version soviétique du LM308. On est donc sur une Rat ultra polyvalente, pour un budget raisonnable.
Si on cherche le véritable son Rat, autant partir de suite sur la version originale de ProCo, qui en plus d'être à l'aise aussi bien en saturation légère qu'en grosse distorsion, est la moins chère du pedalboard. Dans un budget limité, la Bat de Drunk Beaver offre une polyvalence sans égal et un rapport prix/possibilités imbattable.
Pour un modèle boutique avec une personnalité différente, on s'orientera vers la DRV si on cherche une Rat brillante et assagie pour des saturations modérées, ou la Tate FX Sirens Scream ou la Jam pour des grosses saturations épaisses, voir la Walrus Iron Horse pour une utilisation solo ou la ThorpyFX Warthog pour une disto orientée fuzz.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.
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Commentaires
Diffusion de la Bat de Drunk Beaver
Par :Loove76Sur 07/03/2022
Bonjour, je souhaiterais savoir si PALF sera distributeur de la Bat de Drunk Beaver. Visiblement, le rapport qualité/prix de cette pédale a l'air incroyable et les essais sur la vidéo m'ont conquis.
Répondu par :
Alexandre Ernandez
Sur 23/03/2022
Bonsoir,
Oui on est en train de toutes les mettre sur le site, c'est qu'une question de jours :)