On analyse le pedalboard de Muse sur la tournée Origin of Symmetry
Dans cette vidéo, Alex et Swan s'intéressent au groupe Muse. Les albums et sonorités du groupe étant extrêmement variés, on se concentre aujourd'hui sur Origin of Symmetry, album mythique qui fera décoller la carrière du groupe avec sa sonorité unique.
On va dans un premier temps parler du groupe et de son histoire, puis s'intéresser à l'album Origin of Symmetry, sa sonorité et le matos utilisé par le groupe dans cette période. Ensuite, on tentera de reproduire le son de 5 morceaux de l'album à l'aide de pédales d'effets : Plug in Baby, New Born, Darkshines, Citizen Erased, et enfin Bliss, avec la petite touche de Swan sur ce dernier en bonus !
L'histoire du groupe
Formé au milieu des années 90 dans le Devon, le groupe, originairement appelé Rocket Baby Dolls, est formé de potes d'enfance, encore mineurs à l'époque. Le groupe se compose de Matthew Bellamy au chant, guitare et piano, Dominic Howard à la batterie, et Chris Wolstenholme, initialement batteur, qui se met à la basse pour les besoins du groupe.
Ils sortent un premier album en 1999, Showbiz, que beaucoup comparent à Radiohead ou Jeff Buckley. Le groupe connait déjà un premier succès, leur assurant des premières parties avec les Foo Fighters ou les Red Hot Chili Peppers.
Mais c'est avec leur second album Origin of Symmetry que le groupe va vraiment exploser, proposant des sonorités plus diverses et originales, avec des influences extrêmement larges, allant de Sergei Rachmaninov pour le piano, à des riffs de guitare énervés à la Rage Against the Machine.
Le matos de Matthew Bellamy sur Origin of Symmetry
Habitué des setups de plus en plus complexes et secrets au fur et à mesure des albums et des tournées, le matos live de Muse pendant la tournée Origin of Symmetry est cependant extrêmement simple, le groupe n'en étant à l'époque qu'à son second album. On retrouve sur le pedalboard de Matt une Digitech Whammy IV, une Line 6 DL4, et c'est à peu près tout ! Côté ampli, il utilise un Marshall JCM 2000, dont le volume est poussé au max.
La tournée Origin of Symmetry marque aussi l'arrivée des fameuses guitares du luthier Hugh Manson, connues pour embarquer tout un tas d'effets et d'électronique. A cette époque, on retrouve intégré dans ses guitares une Z.Vex Fuzz Factory, avec les contrôles de Stab et Comp accessibles directement sur la guitare, pour des effets de feedback et changements de pitch, notamment sur l'intro de Plug in Baby. Mais aussi une MXR Phase 90, une Z.Vex Wah Probe, que Matt peut contrôler en approchant sa main de la corne de sa guitare, un petit slider tactile pour contrôler sa Whammy en MIDI, et un micro Fernandes Sustainer qui permet de tenir les notes à l'infini. En revanche, pas encore de Kaoss Pad, qui arrivera sur Black Holes and Revelations.
Pour ce qui est du matos studio sur Origin of Symmetry, là en revanche le groupe ne donne pas beaucoup d'informations, mais on imagine que le matériel est beaucoup plus important, avec des pistes d'enregistrement empilées pour un son massif.
Notre pedalboard pour sonner comme Origin of Symmetry
On s'est concentré sur 5 morceaux phares de l'album, et construit le pedalboard en fonction. On va donc détailler les effets qui sont utiles à chaque morceaux individuellement, plutôt que de parler du pedalboard dans son ensemble.
Plug in Baby
On commence par l'un des morceaux les plus populaires du groupe, joué encore régulièrement en live.
Le morceau commence par un son strident, c'est la Fuzz Factory de Z.Vex ! Le son de ce morceau est connu pour être basé autour de cette pédale uniquement. Pour l'intro, Matt tourne simplement les potards Comp et Stab de la pédale, intégrée directement à sa guitare, produisant ce sifflement caractéristique. Evidement, on n'a pas tous une Fuzz Factory intégrée à la guitare, mais on a la solution ! La Fuzz Factory étant plus ou moins une Fuzz Face, elle a besoin d'être placée en première dans le pedalboard, pour matcher avec l'impédance de la guitare. Et c'est ce qui va nous intéresser ici ! L'impédance de la guitare va également avoir son influence sur le sifflement produit par la pédale, et une façon de modifier l'impédance de la guitare est simplement de tourner le potard de volume. On peut donc se prendre pour Matthew Bellamy en s'amusant à tourner le volume de la guitare dans tous les sens ! Evidemment, la guitare doit être reliée directement à la pédale par un jack : pas de systèmes sans fil, buffers ou micros actifs. D'où l'intérêt de l'intégrer directement à la guitare.
Pour le reste du morceau, on est obligé de garder ce sifflement pour avoir un son se rapprochant du morceau. Le sifflement ne se fait pas entendre tant que l'on joue, en revanche il faut vite éteindre la pédale quand on arrête de jouer !
New Born
On passe au morceau d'introduction de l'album : New Born. Le morceau commence sur une partie piano, suivie d'un énorme riff de guitare au son monstrueux. Pas beaucoup d'infos sur le matériel utilisé en studio, mais l'énorme fuzz présente sur le départ du riff fait extrêmement penser à la saturation que l'on peut obtenir en branchant la guitare directement dans une console d'enregistrement poussée au max, faisant saturer les préamps. C'est une technique assez connue et utilisée par quelques groupes, comme les Beatles sur le morceau Revolution. Evidement, on parle ici d'une console analo d'enregistrement de studio, n'allez pas faire saturer votre carte son Focusrite ! Pour simuler ce son, on va utiliser la Meuf II Russian de Doc Music Station, clone de la iconique Big Muff Black Russian, gain à fond. Et un équaliseur Boss EQ 200 pour un effet un peu plus carton, légèrement creusé dans les mids.
On retrouve ensuite le même riff quand les autres instruments arrivent, avec un son beaucoup moins saturé, rappelant le son d'un ampli bien poussé. On utilise pour ça une Anasounds Ego Driver, gain à 0 et volume poussé, qui va permettre grâce au headroom de 18V de rentrer fort dans une Anasounds Savage, elle aussi avec peu de gain. Le but est de reproduire le son d'un ampli sans trop de gain, mais avec le volume poussé à fond, comme le fait Matthew Bellamy. On utilise aussi toujours l'équaliseur Boss EQ 200 pour peaufiner le résultat.
Puis on passe au couplet, avec une cocotte funky, que l'on va reproduire avec la Savage et une reverb Anasounds Element. Un compresseur va également aider au côté funky, avec une Signal Cheyne B6K, compresseur ultra polyvalent grâce à ses nombreux réglages.
Darkshines
Un morceau qui s'éloigne un peu du style général de l'album, avec une guitare aux sonorités Western Spaghetti. Le son est assez particulier, étant principalement clean et brillant, mais avec un côté fuzzy lorsque les cordes sont attaquées et lors des glissés. C'est un son caractéristique des Fuzz Face, lorsque l'on baisse le volume de la guitare ! On part sur la Signal Cheyne Odyssey, clone de Fuzz Face très réussi, couplée avec la Savage encore une fois. On baisse le volume de la guitare, une Squier Jazzmaster choisie spécialement pour son vibrato indispensable au morceau. Et une reverb, toujours avec la Anasounds Element pour le côté spring reverg de western spaghetti, cette fois un peu plus poussée.
Citizen Erased
On arrive à Citizen Erased, et son gros riff à la 7 cordes ! N'ayant pas de guitare 7 cordes à disposition, on est resté sur une 6 cordes standard. On revient également à la Fuzz Factory, qui permet d'obtenir ce son massif pendant l'intro. Un équaliseur peut aussi permettre de peaufiner le son, n'ayant aucun contrôle de tone sur la Fuzz Factory.
Bliss
On finit avec Bliss, et la petite touche de Swan ! Le morceau commence par un piano, qui se transforme progressivement en synthé arpegiator. Evidemment, Alex s'est demandé si on pouvait le reproduire à la guitare, en demandant à Swan d'apprendre le passage. On utilise donc une Boss SY-1, pédale permettant de reproduire ce son de synthé, couplé au compresseur Signal Cheyne B6K, pour lisser le rendu et limiter les différences d'attaques.
Et on arrive au reste du morceau, où l'on revient sur le combo Ego Driver - Savage utilisé sur New Born, à nouveau pour simuler un ampli poussé à fond, avec un peu plus de gain sur la Savage.
On se retrouve avec un pedalboard assez conséquent, ce qui était inévitable au vu de la quantité de sonorités que l'album contient. Au niveau des effets, La Fuzz Factory est un élément intéressant à posséder pour jouer cet album, même si on ne la retrouve que sur certains morceaux spécifiques. On retrouve plus majoritairement le son du Marshall JCM2000 poussé à fond, que l'on peut reproduire avec les Anasounds Ego Driver et Savage stackées. L'équaliseur et la reverb sont aussi des élements importants, alors que les autres effets présentés servent plutôt à reproduire un passage particulier d'un morceau.
On en a fini avec Origin of Symmetry, et on se retrouve bientôt s'intéresser au son d'autres albums de Muse !
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.