Dans cette vidéo, Julien et Alex comparent 4 réinterprétations modernes de la Fuzz Face au germanium, première déclinaison de l'effet mythique, qui ne sera produite que pendant 2 ans, avant d'être remplacée par le modèle au silicium.
Histoire de la Fuzz Face
La Fuzz Face apparait en 1966, fabriquée dans un magasin de musique du nom d'Arbiter (d'où le terme boutique arrivé plus tard). Le fabricant s'inspire très fortement d'un autre modèle mythique sorti un peu plus tôt, la Tone Bender de Sola Sound. En effet, la Tone Bender MK1, à la couleur très différente dû à ses 3 transistors, voit passer une évolution MK1.5 qui perd un transistor, suivie très rapidement par la MK2 qui revient sur la configuration de la Tone Bender d'origine. C'est donc le circuit de la MK1.5, au caractère très différent, que Dallas-Arbiter va reprendre pour en faire sa légendaire Fuzz Face.
La Fuzz Face connait un succès immédiat, de par son design rond atypique, repris des pieds de micro d'époque, et ses potards représentant un visage qui sourit. Mais aussi et surtout en ayant croisé la route d'un certain Jimi Hendrix, qui participera grandement à la réputation de la pédale.
Dès 1968, la pédale connait une grande évolution, avec le remplacement des transistors germanium par des transistors siliciums, beaucoup plus stables et moins capricieux. Il faudra attendre les années 90 pour que quelques fabricants reviennent au germanium, en proposant des copies de fuzz face revisitées, notamment avec Analog Man.
L'électronique
Niveau électronique, ce qui fait toute la simplicité mais aussi la complexité de la pédale est le peu de composants. La Fuzz Face ne compte qu'une dizaine de composant, ce qui en fait une des pédales les plus simples, mais également les plus compliquées à reproduire fidèlement, chaque légère variation de valeur sur les composants entrainant une grosse variation dans le son, produisant une fuzz totalement différente.
Aujourd'hui, les transistors germanium ne sont plus produits, et les rééditions actuelles utilisent de vieux stocks pas encore utilisés (new old stock, ou NOS), parfois recherchés et au prix élevé. En plus des stocks assez rare, les caractéristiques internes des transistors peuvent varier d'un composant à l'autre, obligeant le fabricant à tester un par un et trier les composants. Pour ne garder parfois qu'un petit pourcentage du stock acheté, pour garantir le même son d'une pédale à l'autre, ce qui explique le prix qui peut paraitre élevé au vu du peu de composants de la pédale.
Les utilisations de la Fuzz Face
La Fuzz Face est réputée pour avoir un son très saturé mais à la fois clair, et réagissant extrêmement bien au contrôle de volume de la guitare, ce qui fait que pas mal de guitaristes la laisse toujours activée, repassant en son clair en baissant le volume. Pour ça, elle doit être branchée en première dans le chainage du pedalboard, sans buffer devant. Une autre utilisation recommandée est de brancher la Fuzz Face dans un ampli déjà saturé, redonnant de la rondeur en adoucissant le côté agressif de la fuzz. Pendant les tests, on utilisera donc les fuzz avec une Anasounds Savage, simulant un ampli légèrement saturé, et transparent, pour bien garder le caractère de chaque fuzz.
Le pedalboard
On retrouve sur le pedalboard une sélection de 4 pédales basées sur la Fuzz Face germanium, en plus de la Savage. Au niveau des réglages, la Fuzz Face d'origine dispose uniquement d'un volume et d'un gain, qui ont tendance à offrir le meilleur son quand ils sont poussés à fond. On privilégiera donc ce réglage sur les pédales.
On testera donc la Fuzz Phrase de JAM Pedals, respectant les réglages d'origine. La Analog Man Sun Face, au contrôle de sundial agissant sur le bias et les bas mediums. La Fulltone '69 MKII, avec un niveau d'entrée qui permet d'utiliser la pédale réglages à fond, tout en diminuant le niveau d'entrée pour une fuzz plus douce, et un contour pour travailler les basses. Et enfin la Fuzz Factory de Z.Vex, aux réglages délirants, permettant de jouer avec un gate, la compression, et le stab qui dérègle totalement la pédale pour des bruits incontrôlables.
JAM Fuzz Phrase
Le modèle de JAM propose les deux réglages basiques de la Fuzz Face, pour une réplique fidèle avec un son granuleux, et un volume de sortie un peu limité, qui peut poser problème si on veut ressortir davantage en activant la pédale, ou aller attaquer le préamp d'un ampli. La pédale est basée sur des transistors OC44, assez rares.
Fulltone '69 MKII
La réplique de Fulltone offre un rendu incroyable avec le volume de la guitare baissé pour un son clean. Le réglage de contour permet de calmer les aigus parfois agressifs, et le input permet de booster le gain, tout en gardant le même grain et donnant un son un peu plus brillant, surtout en clean volume baissé. On retrouve dans la pédale des transistors NKT275, assez compliqué à trouver et qui peuvent être assez chers.
Analog Man Sun Face
La Analog Man est un modèle déjà rare, et la version essayée est une White Dot, équipée de transistors NKT275 white dot, avec un point blanc donc, qui seraient encore plus rare et offrant un son encore meilleur que les NKT275 standards. Le son est incroyablement riche, même volume baissé, en jouant avec le contrôle sundial.
Z.Vex Fuzz Factory
On termine avec la Fuzz Factory. Les nombreux réglages sont très interactifs et sont assez complexes à appréhender. On a tout de même trouvé un son proche comparé aux autres pédales. La pédale est plus agressive, avec plus de gain, aussi plus polyvalente, mais propose un clean moins intéressant volume baissé. C'est une version moderne et réinterprétée de la Fuzz Face, utilisant des transistors AC128, qui sont pour le coup assez facile à trouver.
Le test à l'aveugle nous montre que la différence est à peine perceptible, Julien n'ayant réussi à différencier que la Fuzz Factory, au caractère particulier. Le son a également l'air d'avoir changé depuis le début de la vidéo, reste à savoir si c'est une impression, ou le germanium qui a parfois besoin d'un temps de chauffe, et dont le comportement peut varier avec les différences de température de la pièce.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.