Je connais pas mal de références de pédales, et pourtant je ne vois pas d’autre pédale qui combine une Uni-Vibe et une fuzz en analogique. Il y a bien la Keeley Dark Side, mais la section de modulation est plus un multi-effet qui n’est pas spécialisé dans la Vibe. Et pourtant, la fuzz et l’Uni-Vibe sont intimement liées, et se mélangent avec une telle grâce naturelle qu’il paraît incroyable que plus de constructeurs ne s’y soient pas essayés.
Voici donc la Carl Martin Purple Moon, dont le violet hendrixien en diable trahit l’influence principale du son que l’on peut en tirer (même si la marque danoise cite aussi Robin Trower et David Gilmour, deux autres maîtres de la Vibe et de la fuzz). La Purple Moon réunit dans une seule pédale (qui n’est pas énorme pour autant) une fuzz et une Uni-Vibe. La fuzz est sixties en diable, et il est difficile de ne pas penser à la Fuzz Face version silicium pour son gain généreux, avec une bonne réactivité à la dynamique du jeu et une brillance qui perce bien dans le mix même avec un micro manche. Côté Vibe, on se situe évidemment dans l’héritage de la grande ancienne, à mi-chemin entre le sirop d’un chorus et l’omelette d’un phaser, un vrai plaisir à jouer qui enrobe chaque note de façon hypnotique.
La Carl Martin Purple Moon originale avait un deuxième footswitch pour passer d’une vitesse à l’autre sur la Vibe, mais cette version plus compacte reste ultra simple et intuitive à utiliser et ne sacrifie pas de possibilités sonores. On a donc les trois réglages de Depth (profondeur), Rate (vitesse) et Level (niveau d’entrée) pour la Vibe, et deux boutons plus petits pour la fuzz correspondant au gain (Fuzz) et au volume (Level).
En mettant le Level de la fuzz à zéro, vous avez une pédale d’Uni-Vibe d’excellente qualité, mais c’est l’interaction entre les deux effets qui rend la Carl Martin Purple Moon absolument passionnante. Avec des valeurs de gain basses, on a un gros crunch qui donne une Vibe de mauvaise humeur particulièrement propice aux ambiances heavy blues, puis en poussant le gain on se retrouve en territoire hautement psychédélique, et il est difficile d’éviter de tester tous ses plans à la Hendrix. Difficile même de ne pas attaquer les premières notes de l’hymne américain, juste pour voir si ça sonne comme à Woodstock…
La Carl Martin Purple Moon réunit deux effets parfaitement complémentaires et concentre de fait la fin des sixties dans une petite boîte très efficace.