Comme souvent chez les monomaniaques obsessionnels de Does It Doom, la Giza fait référence à du matos qui a le chic pour exciter les autres monomaniaques de doom et stoner. En l’occurrence, Giza est le nom anglais de Gizeh, la ville égyptienne dans laquelle se trouvent le Sphinx et la pyramide de Khéops. C’est l’énormité de cette dernière que l’on compare aux stacks gigantesques utilisés par Al Cisneros : Al est le bassiste du légendaire trio stoner Sleep, et le chanteur / bassiste de Om. À la fin des années 90, Sleep a signé avec le label London pour sortir leur magnum opus Dopesmoker, et selon la légende ils ont utilisé la moitié de leur avance de 70 000 dollars pour acheter de l’herbe, et l’autre moitié pour acheter des amplis. Mais pas n’importe quels amplis : un gigantesque backline composé d’amplis Matamp GT120, d’énormes têtes 120 watts à lampes aussi efficaces pour la basse que pour la guitare, dans le style des premiers amplis de la marque Orange, avec les baffles colossaux qui vont bien. Ce sont ces amplis qui ont donné l’indémodable son que l’on entend sur l’album.
C’est donc en référence au vert du Matamp que la Does It Doom Giza est verte, mais la figure du sphinx dessiné dessus n’est pas Cisnero : c’est Geezer Butler (d’où Giza aussi, comme Giza Butla), le père fondateur de toute forme de basse stoner. Enfin, la Giza ne se contente pas de reproduire le préampli modifié du Matamp de Cisneros, cette pédale reprend l’intégralité de son rig pour les débuts de Om, lorsque le groupe était un duo et que Al prenait toute la place sonore en branchant une Boss DS-1 et une DOD 250 Preamp sur ses Matamp.
L’unique bouton (très beau par ailleurs) de la Does It Doom Giza est donc un blend du chaos sonore ramené par ces deux pédales. À zéro, vous avez le pur crunch énorme de la tête Matamp, puis vous ramenez progressivement les harmoniques en folie des deux distos.
Bien sûr, les bassistes de stoner n’ont aucune raison de chercher autre chose pour atteindre ce Graal sonore, mais les guitaristes ne seront pas en reste, surtout s’ils cherchent à atteindre l’incandescence du son de Matt Pike.