On compare deux delays aux technologies différentes
Dans cette vidéo, Alex et Julien comparent deux pédales de delay, la référence MXR Carbon Copy et la Anasounds Utopia. Deux effets aux caractères différents bien que présentant tout de même pas mal de similitudes.
On parle technologie
Dans un premier temps, on peut trouver pas mal de points communs entre les deux pédales. Les deux effets se veulent orientés vintage, avec un circuit analogique au son chaleureux, une interface qui va à l'essentiel avec les réglages de base que l'on s'attend à trouver sur un delay, et une modulation rappelant le flutter des anciens échos à bande. Mais la comparaison s'arrête là. On retrouve dans chacune des pédales une technologie différente, avec sa sonorité spécifique.
La Carbon Copy est basée sur la puce BBD, première technologie permettant des delays compacts. La puce est réputée analogique, même si elle réalise quand même un échantillonnage du signal. Sa structure qui fait passer le signal dans une série de condensateurs et transistors pour créer un retard, engendre une perte de définition et d'aigus dans les répétitions, ce qui donne cette couleur unique sombre et sale à la Carbon Copy.
La Utopia quant à elle utilise une puce PT2399, qui va produire un retard numériquement, tout en gardant un traitement du signal analogique. Cette technique permet de garder des aigus et de la clarté par rapport au BBD, produisant un delay plus brillant et perçant.
Petit historique du delay
L'effet de delay est d'abord apparu avec les échos à bande, seule solution à l'époque pour générer un retard. L'évolution de l'électronique a permis ensuite l'arrivée de la puce BBD, première solution de delay compact, permettant les premières pédales d'effets. Avec comme références la Boss DM-2 et la Electro-Harmonix Memory Man. La Carbon Copy est quant à elle arrivée plus tard, conçue par Jeorge Tripps, fondateur de Way Huge, marque boutique populaire, et faisant parti des concepteurs du Line 6 DL4, avant de développer la Carbon Copy lors du rachat de Way Huge par Dunlop. L'arrivée du numérique a ensuite permis une explosion des propositions en termes de delay, avec des fonctionnalités et des sonorités de plus en plus nombreuses et complexes.
Le comparatif
On passe maintenant au comparatif entre les deux pédales, pour comprendre un peu mieux les différences entre les deux technologies, en terme de son et de caractère.
Le delay slapback
On commence par un réglage slapback, très utilisé dans le rockabilly, avec un temps très court et une seule répétition. Le résultat est très similaire, dû au temps court et au peu de répétitions, la couleur du delay se faisant plutôt progressivement entendre sur plusieurs répétitions successives. Ici, avec une seule répétition courte, l'écho reste fidèle au son d'origine dans les deux cas. On entend cependant un son légèrement plus riche sur la Utopia, tandis que la Carbon Copy, moins envahissante, permet d'être poussée un peu plus loin pour un résultat assez similaire. La Utopia se veut plus riche, au détriment du temps max bridé pour ne pas introduire de bruit, problème récurent sur les delays analogiques. Tandis que la Carbon Copy fait le choix d'un son plus filtré pour atténuer le bruit.
Le delay long pour dévoiler la nature des pédales
On part sur un delay long avec plus de répétitions, légèrement saturé grâce à une JHS Twin Twelve. Cette fois, la différence est beaucoup plus marquée, avec des répétitions perçantes sur la Utopia, et un son plus feutré et détérioré sur la Carbon Copy. Tout est question de choix, Julien préfère la Carbon Copy car pour lui elle s'intègre mieux au son, sans faire effet ajouté et envahissant. Tandis que la Utopia assume de produire un delay qui se détache, pouvant être vraiment vu comme un effet à part entière.
Le réglage d'auto oscillation
Sur l'auto oscillation, la différence est là aussi frappante, le filtrage et la dégradation du signal de la Carbon Copy produisant un son lourd rempli de basses et robotique, rappelant le final de Karma Police de Radiohead. La Utopia elle, produit un effet plutôt Lo-Fi, un peu spatial.
Le design
Là, tout est question de goût. Le boitier vert pailleté de la Carbon Copy, ou le design épuré de la plaque de bambou de la Utopia. Ce n'est pas un critère essentiel, mais chacun se fera son propre avis sur la pédale qui a le plus de prestance sur un pedalboard.
Les footswitch
Les deux pédales sont true bypass. Cependant, contrairement à la Carbon Copy qui utilise un footswitch à clic standard, la Utopia dispose d'un bypass à relais, qui permet un enclenchement silencieux, qui est d'autant plus apprécié sur un effet comme le delay, en plus d'être beaucoup plus résistant dans le temps.
L'intérêt de chaque technologie
Le BBD nécessite davantage de filtrage et beaucoup de composants supplémentaires, ce qui en augmente le prix, tout en proposant un son filtré inévitable. Les puces BBD se font aussi de plus en plus rares, n'aidant pas à garder un prix contenu et des stocks réguliers. Le PT2399 permet un delay au fonctionnement plus simple, avec un prix plus contenu, s'adressant au musicien qui cherche un delay avec des aigus, et plus de présence.
Malgré leurs similitudes, la Carbon Copy et la Utopia sont deux delays aux caractères bien différents. On privilégiera l'Utopia pour ses répétitions classiques, fidèles au son d'origine avec des aigus et de la clarté, pour percer pendant un solo par exemple. Tandis que la Carbon Copy s'intègre mieux au son, pour un delay d'ambiance, au son chaleureux et sombre, et son auto oscillation monstrueuse.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.