Dans cette vidéo, Alex et Julien s'intéressent à la Fuzz Face, version silicium, avec deux approches modernes de la pédale mythique par JHS Pedals et Fulltone.
La Fuzz Face originale
La Fuzz Face apparait en Angleterre en 1966. Produite par Dallas-Arbiter, elle est d'abord basée sur des transistors au germanium, avant de passer dès 1968 à des transistors silicium, le germanium étant moins fiable, donc moins adapté pour la production de grandes quantités. Les transistors au silicium permettant aussi d'obtenir plus de gain, pour une fuzz plus puissante.
On compare donc deux modèles boutique modernes. D'un côté la Fulltone 70, inspirée de la Fuzz Face de 1970 avec des transistors silicium BC108. De l'autre côté, la JHS Smiley, au nom évoquant le design mythique de la Fuzz Face et sa forme de visage souriant, et qui fait partie de la nouvelle gamme de 4 pédales Legends of Fuzz lancée par JHS.
On branche les fuzz
On commence par un test rapide des deux pédales, pour ensuite les comparer sur une liste de points établie à l'avance.
Premier test rapide
Sur les rythmiques, les deux pédales sont difficiles à discerner, le son est très proche. En revanche, sur des parties lead, ou sur le jeu au volume, la différence se fait un peu plus ressentir, sûrement dû au potard de mids de la Fulltone. La Smiley sonne plus épaisse, tandis que la Fulltone a un son plus clair et plus perçant. Le son plus riche de la Smiley permet de laisser de la marge pour jouer sur la texture par la suite, sur l'ampli ou avec d'autres pédales, tandis que la Fulltone dispose de son propre réglage de mids. On est donc sur un ex aequo au premier test.
Sur le test à l'aveugle, les basses et le côté gras de la Smiley permettent à Julien de reconnaitre les pédales sans trop de difficultés.
Les critères de sélection
On commence par un critère subjectif : le design. La Smiley l'emporte, avec son boitier en tôle pliée original qui rappelle la forme des anciennes fuzz. La forme de la pédale est cependant moins pratique à intégrer sur un pedalboard. Au niveau du footswitch, les deux sont des true bypass 3PDT à clic. On est donc sur la même technologie.
Pour ce qui est de l'électronique, les deux utilisent des transistors au silicium. La Fulltone utilise des BC108, fidèle à la Fuzz Face d'origine. Quant à la Smiley, tous les composants sont en CMS, les transistors sont difficiles à identifier. Si on cherche une pédale fidèle à l'originale, le point va donc à la Fulltone, pour son esprit boutique avec des composants traversants, et les BC108.
Au niveau des contrôles externes, la Fulltone a un réglage de mids en plus. Cependant, le réglage est extrêmement subtile, ce qui d'un côté ne change pas radicalement le son, mais de l'autre permet de garder tout le caractère et la couleur de la Fuzz Face originale, tout en permettant d'ajuster très finement la tone. La Smiley, elle, dispose d'un switch permettant d'accéder à un deuxième mode, plus gaté, en jouant sur le bias. On a donc une deuxième sonorité facilement accessible et très différente, qui tranche avec le son classique de la Fuzz Face.
Pour l'alimentation, la Fulltone peut être alimentée jusqu'à 18V, ce qui permet de jouer sur le headroom. En testant en 12 puis 18V, le son devient beaucoup plus massif, avec plus de gain, et surtout des basses présentes pour un son épais rappelant la Smiley. La Fulltone gagne donc notre point pour sa polyvalence en jouant sur l'alimentation. Les deux pédales peuvent aussi être alimentées par pile.
A propos de la fabrication, la Smiley a une conception trop industrialisée qui s'éloigne de l'esprit boutique, ce qui est dommage surtout pour une pédale aussi simple qu'une Fuzz Face, avec beaucoup de pièces communes aux 4 modèles de la série Legends of Fuzz, et des composants en CMS. On préfèrera le côté boutique de la Fulltone, qui en plus est proposée à un prix inférieur.
On choisira la Fulltone pour une pédale qui respecte le caractère de la Fuzz Face originale, et qui reste dans un esprit boutique, tout en étant polyvalente avec un réglage de mids subtil et sa tension d'alimentation jouant sur le gain et l'épaisseur du son. La JHS quant à elle se démarque avec son look vintage, et la possibilité d'avoir une deuxième sonorité gaté qui s'éloigne de l'esprit Fuzz Face.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.