On s'intéresse au fonctionnement des pédales amp in a box
Dans cette vidéo, Alex reçoit Thibaut de Guitar Plug and Play, pour comparer différentes pédales "amp in a box", reprenant la sonorité d'amplis mythiques.
C'est quoi un amp in a box, et comment ça fonctionne ?
Les pédales de préamp, ou amp in a box sont une catégorie de drives un peu à part, ayant pour but de reproduire le grain et le caractère typique d'un modèle d'ampli particulier. Elles permettent donc de retrouver la sonorité de différents amplis dans une solution compacte, sans investir des milliers d'euros dans les amplis en question.
Mais alors, comment on fait pour faire rentrer le son d'un ampli dans une pédale compacte ? Est ce que le circuit est exactement le même, comment expliquer la différence de prix ? La première chose à retenir, c'est que les amps in a box sont une "approximation" du circuit que l'on retrouve dans les amplis. On va d'abord expliquer le fonctionnement d'un ampli pour mieux comprendre ensuite.
Anatomie d'un ampli
Dans un ampli, on trouve d'abord le préamp, qui a pour but de mettre en forme le signal. Il est majoritairement responsable de la couleur et du grain de l'ampli, avec les réglages de gain, équalisation... Le préamp est un peu un circuit de saturation intégré à l'ampli, et juste après le préamp, on va trouver la boucle d'effets, qui permet de ressortir de l'ampli par le send. Ensuite, le signal sortant du préamp n'est pas assez puissant pour faire bouger la membrane du haut parleur. On trouve donc l'ampli de puissance, après le return de la boucle d'effets, et qui est chargé de fournir le courant nécessaire pour aller au haut parleur du CAB. C'est là que l'on va retrouver le réglage de volume de l'ampli, qui peut aussi avoir son importance sur le son, pouvant parfois faire ressortir le grain l'ampli de puissance quand il est poussé à fond.
Dans une pédale amp in a box, on va chercher à reproduire principalement le schéma du préamp, et parfois une partie de l'ampli de puissance, pour se rapprocher au mieux du grain de l'ampli simulé.
Les techniques pour reproduire l'ampli dans une pédale
La première solution pour reproduire un ampli est tout simplement de reprendre le même schéma, et de l'intégrer dans la pédale. Evidemment, il va y avoir des concessions à faire, à commencer par la tension d'alimentation. Là où les amplis fonctionnent avec plusieurs centaines de volts, permettant un headroom monstrueux et une excellente réactivité à l'attaque, le circuit dans la pédale n'est alimenté qu'en 9V. Certaines pédales autorisent du 18V, ou augmentent elles mêmes la tension en interne, ce qui améliore grandement le headroom, mais on est bien loin des tensions utilisées dans les amplis. Le second problème est l'encombrement des composants de l'ampli. On va remplacer les lampes par des JFETs, un type de transistor qui a un comportement très proche d'une lampe d'ampli. Pour le reste du circuit, on garde les mêmes composants, dans des versions plus compactes qui n'ont pas les contraintes de hautes tensions des amplis. Evidemment, changer la tension d'alimentation et remplacer les lampes par des JFETs va avoir un léger impact sur le son, donc on va devoir par la suite réadapter un peu le circuit pour se rapprocher du son original.
L'autre solution est de partir sur un schéma de saturation plus général, avec des amplificateurs opérationnels et des diodes de soft ou hard clipping. On fait des mesures et analyses de toutes les caractéristiques de l'ampli (réponse en fréquences, course de chaque réglage et leurs impacts sur le signal...), puis on va dimensionner chaque composant de notre circuit pour qu'il réagisse de la même façon que le circuit de l'ampli. On se retrouve avec un circuit différent de celui de l'ampli, mais qui fonctionne tout aussi bien, voir parfois mieux que la solution à JFETs.
Comment utiliser une pédale amp in a box ?
On va retrouver principalement 3 utilisations et câblages possibles pour les amps in a box. L'idée étant en général d'utiliser un ampli clean et assez transparent, comme notre Kelt signature Axel Bauer qui est une base Dumble. Ce sont les fameux amplis "pedal friendly", permettant d'aller vers tous les grains possible et imaginables suivant ce qui est branché devant. Ils permettront de retranscrire parfaitement de grain de la pédale branchée, sans en changer la couleur.
La première utilisation est de brancher la pédale en façade de l'ampli, dans le IN. On limite le gain de la pédale, et on met le volume à fond, qui va régler le niveau qui va à l'ampli, pour attaquer les lampes de préamp. Comme ça, la pédale apporte le grain caractéristique de l'ampli simulé, puis va attaquer les véritables lampes de l'ampli dans lequel elle est branchée, pour retrouver la dynamique d'un vrai ampli à lampes. On a donc deux préamps, la pédale puis le préamp à lampes de l'ampli, pour bénéficier du meilleur des deux mondes !
Une autre façon de faire est de brancher la pédale amp in a box dans le return de la boucle d'effets de l'ampli, pour ne pas passer par le préamp de l'ampli, et laisser notre pédale faire le travail du préamp. Donc on n'utilise pas du tout l'entrée de l'ampli, la guitare va à la pédale, qui va à l'entrée return de la boucle, pour être connectée direct à l'ampli de puissance. On retrouve ainsi le schéma d'un véritable ampli, avec notre pédale servant de préamp, suivi de l'ampli de puissance seul de l'ampli à lampes.
On peut aussi brancher une pédale amp in a box directement dans la carte son, puis ajouter une simulation de HP sur l'ordi. C'est une utilisation à part, et dans ce cas précis on évite de pousser le volume de la pédale, pour ne pas faire saturer la carte son. C'est aussi la même démarche que l'on utilisera si on veut brancher la pédale sur un ampli à transistors ou à modélisation.
Le pedalboard
On enchaine sur le test du pedalboard monté pour l'occasion, avec 4 pédales amp in a box inspirées d'amplis aux caractères très différents.
Aclam Dr. Robert, le Vox des Beatles
On démarre le test avec la Aclam Dr. Robert. La pédale reprend le circuit du Vox UL730, utilisé par les Beatles sur les albums Revolver et Sgt. Pepper. C'est à notre connaissance la seule simulation de UL730 du marché, et l'artwork de la pédale réalisé par Klaus Voormann en personne, le créateur de la pochette de Revolver, en fait déjà un futur collector ! Le résultat est bien là, avec un grain typique de la marque d'ampli, et ultra efficace pour retrouver le son du groupe britannique, comme on l'a vu dans notre vidéo "Sonner comme les Beatles". La pédale s'avère plus efficace devant l'ampli, permettant de jouer avec la dynamique des lampes du préamp, même si le grain obtenu en la branchant dans le return est aussi très intéressant.
Anasounds High Voltage, le Plexi de Malcolm Young
On teste ensuite la Anasounds High Voltage, qui comme son nom le laisse deviner est une simulation de Marshall Plexi. Contrairement à pas mal de simulations Plexi trop chargées en gain, se rapprochant plus des JCM de la marque, la High Voltage a été développée dans le but précis de retrouver le son de la partie rythmique de Malcolm Young sur le morceau It's a Long Way to the Top. Pour plus de headroom, la High Voltage intègre un circuit interne augmentant la tension à 18V, tout en utilisant une alimentation 9V standard. On retrouve le son typique Marshall, pour des rythmiques à la AC/DC, et la pédale offre deux caractères vraiment différents branchée en façade ou dans le return de l'ampli, gardant une dynamique impressionnante.
Catalinbread SFT, les amplis guitare d'Ampeg
La pédale ultime du stoner ! La SFT s'inspire des amplis guitare d'Ampeg, moins connus que les modèles pour basse, et utilisés notamment par des groupes comme les Rolling Stones ou Queens of the Stone Age, d'où le switch Stones/Stoner sur la pédale. On l'utilise d'ailleurs comme base de son dans la vidéo "Sonner comme Queens of the Stone Age". La SFT a un grain très particulier, caractéristique des amplis Ampeg, qui cependant sera moins souple d'utilisation si on la sort du contexte stoner ou Rolling Stones. Mais en restant dans ce style, elle fait des merveilles ! Elle réagit quasiment de la même façon en façade ou dans le return, avec un grain qui reste similaire.
Catalinbread Formula 55, le Fender Tweed
On finit avec une seconde Catalinbread, la Formula 55, qui s'inspire des Fender Tweed. Catalinbread est connu pour être spécialiste des pédales amp in a box, avec leur gamme Foundation Overdrive Series plutôt complète. La Formula 55 est donc un drive crémeux avec des bas assez présents, parfait pour du blues. Cette fois, la pédale fonctionne bien mieux dans le return de l'ampli, pour le côté Fender Tweed bluesy.
Et le multieffets ?
On passe sur un Mooer GE 250, un multieffets complet comportant plusieurs simulations d'amplis. Le multieffets est une solution utile pour débuter et se faire un premier avis, quand on en est encore à la phase de recherche de son. Aujourd'hui, les simulations que l'on peut trouver sur ces multieffets sont très convaincantes, en revanche il faut s'accrocher et accepter de passer du temps dans les menus à peaufiner le moindre réglage pour arriver au son recherché. Le GE 250 a cependant l'avantage d'être assez facile à prendre en main, ce qui n'est pas toujours le cas avec ce genre de pédales.
On utilise le Mooer branché dans le return de l'ampli, et on commence par tester une simulation de Vox AC30. Le son est convaincant et rappelle bien l'esprit du fameux ampli, mais avec une dynamique et une réponse à l'attaque qui ne sont pas à la hauteur de ce que l'on peut retrouver avec une pédale amp in a box analogique ou un véritable ampli. On passe à une simulation de Fender Tweed. Là encore, le son est correct, avec un drive un peu moins crémeux que la Catalinbread Formula 55, mais toujours une dynamique bien inférieure. On fait le même constat sur nos deux derniers presets, avec une simulation Ampeg, puis Marshall Plexi, avec des grains qui restent dans l'esprit des amplis simulés, mais une compression importante et un gros bruit de fond.
Les pédales amp in a box sont une alternative très intéressante pour les personnes recherchant différentes sonorités d'amplis sans pour autant cumuler les têtes et combos hors de prix. C'est aussi une solution pour retrouver la base de son d'un ampli spécifique, sans s'encombrer de l'ampli en question. Si on n'a pas encore idée du type de son ou d'ampli que l'on recherche, un multieffets peut être une solution provisoire très pratique pour se faire une idée des différents amplis disponibles. Pour ensuite passer sur un véritable ampli ou des amps in a box. Pour l'utilisation des amps in a box, il est important de tester différents câblages, devant l'ampli, et dans le return sans passer par le préamp de l'ampli, pour profiter du meilleur rendu de la pédale. On préfèrera une base d'ampli clean et transparent style Fender ou Dumble, même si un autre ampli plus typé peut permettre de mélanger les couleurs, pour des textures encore jamais vues !
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.