Dans la vidéo d'aujourd'hui, on parle basse et surtout compresseur avec Alex et Antonin. En partant de l'histoire de cet effet, ses différents réglages, pour aller à une comparaison de six modèles actuels, aux caractères très différents.
Histoire du compresseur
Le compresseur est apparu comme un besoin avec l'arrivée des premières radios. Pour éviter des différences de volumes trop importantes, notamment dans l'intonation des voix, et éviter les pertes de signaux trop faibles lors de la modulation/démodulation pour diffuser les ondes radios. Le but du compresseur est donc, en simplifiant, d'amplifier le volume quand le niveau d'entrée est trop bas, et de le baisser quand le niveau devient trop fort, pour lisser le rendu.
On voit ensuite apparaitre la compression sur les premiers enregistrements studio, d'abord avec une compression manuelle. L'ingé son suivait la dynamique du morceau ou les partitions, pour adapter en temps réel les faders sur sa console pour compenser les différences importantes de volume. Avant de voir arriver les premières technologies de compresseur. Comme le LA-2A de Teletronix, dont la réputation n'est plus à faire, autant pour ses qualités de compression que sa capacité à ajouter du grain quand il est poussé, utilisé entre autre sur la voix de Jack White en tant que saturation.
Vient ensuite les premières pédales de compression, avec des modèles comme la MXR Dyna Comp et la Ross Compressor, popularisées avec l'arrivée de certains styles comme la funk, et utilisées par des artistes comme David Gilmour.
Les réglages classiques d'un compresseur
Pour comprendre le principe de fonctionnement et les réglages classiques du compresseur, on utilise une Empress Compressor MKII, qui n'est pas limitée niveau réglages, en plus d'avoir une visualisation de la compression avec des leds. On commence par le threshold, ou seuil, qui est le niveau à partir duquel on va compresser le signal. En dessous de ce niveau il ne se passe rien, pas de compression. Si on le dépasse, le signal va être compressé avec un ratio.
Le ratio justement, va intervenir une fois qu'on a dépassé le threshold. Il détermine le niveau de compression, en dB. Pour un ratio 4:1, si le niveau d'entrée est 4dB au dessus du threshold, il ne sera que de 1dB au dessus du threshold en sortie. Pour un ratio 2:1, un niveau d'entrée de 4dB au dessus du threshold sera 2dB au dessus du threshold en sortie. Le threshold n'est donc pas une limite absolue de volume, le signal en sortie peut dépasser le réglage de threshold.
On trouve ensuite les réglages d'attack et release. L'attaque désigne le temps que met la compression à se déclencher. Au minimum, la compression est instantanée dès que le niveau dépasse le threshold. Au maximum, la compression met un certain temps à arriver, idéal pour laisser passer juste l'attaque brève d'un coup de médiator, puis compresser la résonance de la note par exemple. Le release lui, correspond au temps que met la compression à s'en aller. Souvent appelé sustain sur pas mal de compresseurs, il va donc agir sur la longueur des notes.
On trouve aussi un réglage de mix, qui peut être très utile dans le cas d'un compresseur très marqué, pour redonner un peu de dynamique naturelle en rajoutant le son direct. Un réglage de tone qui peut aussi être utile, le compresseur pouvant apporter une couleur. Et un réglage permettant que la compression ne se fasse que sur une certaine bande de fréquence particulière, pouvant être utile pour compresser davantage les basses qui ont tendance à avoir plus de puissance. On arrive presque dans le monde du compresseur multibandes.
On compare des compresseurs
On compare 6 pédales de compresseurs, aux réglages et personnalités très différentes, allant du plus simple au plus complexe.
Carl Martin Comp/Limiter
On commence par la Carl Martin Comp/Limiter. On retrouve 2 réglages, un volume de sortie, et un réglage comp, qui est en fait un réglage de ratio. Le threshold est donc fixe, surement optimisé par Carl Martin pour réagir correctement à un niveau d'entrée de guitare/basse. La pédale se veut aussi Limiter, ce qui veut dire que réglé à fond, le ratio se comporte comme un ratio infini, empêchant la sortie de dépasser le threshold, agissant cette fois ci comme un véritable seuil de volume. Les réglages sont donc ultra efficaces, avec un son très écrasé, ce qui peut être l'effet recherché, très intéressant dans certains styles. En revanche, ce n'est pas le meilleur choix pour une compression subtile.
anasounds Lazy Comp
On passe à la Anasounds Lazy Comp, compresseur optique. La pédale se veut la plus simple possible, pour les musiciens ne voulant pas se prendre la tête avec les réglages. On trouve donc un simple réglage de mix, le compresseur étant déjà optimisé, avec quand même la possibilité de toucher au sustain et volume avec des réglages internes.
La compression est très légère et ne casse pas l'attaque, ce qui fait qu'elle fonctionne bien sur basse, contrairement à pas mal de compresseurs simples optimisés pour la guitare qui ont un réglage d'attaque très court.
Signal Cheyne B6K
On arrive à la Signal Cheyne B6K marque française récente, le compresseur le plus complet du pedalboard avec ses 6 potards. On retrouve les réglages classiques, avec un réglage de pré-gain, qui va permettre d'apporter de la couleur et une légère saturation au compresseur. La pédale est très efficace, avec de la couleur. Un compresseur polyvalent donc, avec ses nombreux réglages, et pouvant être alimenté en 9 ou 18V pour plus de headroom.
Boss CS-3
Une pédale qu'on ne présente plus, la Boss CS-3, successeur du mythique CS-2. Ici, on a un ratio et un threshold fixes, réglés pour une compression assez marquée, et on a accès aux réglages d'attack et de sustain, avec aussi une tone et un level. Le résultat est compressé et coloré, à utiliser comme un effet à part entière pour apporter un grain et une texture particulière au jeu.
Darkglass Hyper Luminal
Avec le Hyper Luminal, Darkglass a frappé un grand coup, notamment pour les compresseurs pour basse, avec un condensé de technologie. On retrouve les réglages classiques blend, volume et comp. Mais aussi un potard time, qui va agir sur l'attack et le release, configurable en USB pour plus de polyvalence et avoir un contrôle total sur sa compression. Enfin, deux boutons tactiles : un pour le ratio, et l'autre permettant 3 simulations de compresseurs célèbres. Une simulation de bus de console SSL, très transparent, un mode sibulation du Darkglass Super Symmetry, ancien modèle de la marque, et un mode Fet, simulation de 1176, très polyvalent sur les réglages d'attack et release, avec un grain particulier et de la brillance. Le compresseur est ultra polyvalent, avec ses différents modes, pouvant au choix être très transparent ou au contraire avoir un taux de compression monstrueux.
Keeley C4 Compressor
On finit avec le Keeley C4 Compressor, aux réglages classiques avec level, attack, sustain. On retrouve aussi un réglage clipping qui apporte de la couleur au compresseur. Niveau son, on a un grain très similaire au CS-3, avec pas mal de compression, mais peut être mieux géré, comme une CS-3 optimisée.
Après un test à l'aveugle qui s'annonçait compliqué mais au final plutôt réussi, Antonin retient la Darkglass pour sa polyvalence extrême, et la Boss CS-3 pour sa couleur particulière. Suivi par la Lazy Comp de Anasounds, pour sa simplicité d'utilisation, tout en obtenant de bons résultats sur basse. La Signal Cheyne est très proche de la Darkglass dans l'esprit, ce qui en fait une très bonne alternative. De même que la Keeley, qui propose une alternative très intéressante à la CS-3. Enfin, la Carl Martin offre un rendu très, voir trop compressé au vu de ses réglages limités, en tout cas pour la basse. Mais elle s'en tirera surement mieux avec une guitare, pour des sonorités funky au caractère très marqué.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.