Les Fuzz Face modifiées par Roger Mayer pour Jimi Hendrix
Après un premier épisode sur l'histoire de la création de la fuzz et des premiers modèles, on se retrouve dans ce second épisode de la série "La grande histoire de la fuzz", pour parler d'un modèle bien particulier : la Axis Fuzz, Fuzz Face au silicium modifiée par Roger Mayer pour les besoins de Jimi Hendrix.
La performance avec Eric Clapton
En 1966, après s'être expatrié à Londres, Jimi Hendrix commence à tourner avec son groupe The Jimi Hendrix Experience, accompagné par Noel Redding et Mitch Mitchell. Invité par Eric Clapton à jouer sur scène avec Cream, Jimi Hendrix fait le show comme lui seul sait le faire, impressionnant tout le monde, aussi bien par son jeu que par le son de fuzz ravageur, lui permettant par la suite de faire décoller sa carrière. Il utilisera bien évidemment pendant ce concert une Fuzz Face, devenue indissociable du guitariste.
L'histoire de la Fuzz Face de Jimi Hendrix
Jimi Hendrix possède d'abord des modèles avec transistors germanium. Il se fait accompagné du mythique guitar tech Roger Mayer, travaillant aussi pour Jimmy Page et de nombreux autres musiciens tout aussi célèbres. Très vite, les problèmes des transistors germanium se font sentir sur les différentes performances, réagissant aux changements de température avec un impact sur le son.
Jimi passe dans un premier temps sur des modèles au silicium, rencontrant un autre problème : les pédales captent la radio ! Roger Mayer lui développe ainsi une Fuzz Face au circuit légèrement revu, appelée la Axis Fuzz, en référence au morceau Axis: Bold as Love du guitariste. La pédale est reconnaissable avec son boitier rond de Fuzz Face rouge, et des boutons blancs pour la démarquer des autres. La Axis Fuzz de Roger Mayer reprend le circuit de la Fuzz Face silicium, et modifie quelques composants permettant à la pédale de meilleures performances, devenant moins sensible aux ondes radio. On trouve dans la Axis Fuzz un réglage interne de niveau d'entrée, un peu comme le potard volume de la guitare mais intégré à la pédale juste avant le circuit de fuzz. Ce contrôle permet de doser parfaitement la saturation en fonction de la guitare, et permet une meilleure utilisation des contrôles de volume et gain de la Fuzz Face.
Le test d'Axis Fuzz modernes
On teste donc deux réinterprétations modernes de la Fuzz Face : la Anasounds Feed Me, basée sur les modifications de Roger Mayer sur la Axis Fuzz, et la Signal Cheyne Odyssey 4K, avec un contrôle de Pré Gain rappelant aussi la Axis Fuzz. Les Fuzz sont branchées dans une Formula B Vintage Vibe, pour un effet Uni-Vibe également cher à Jimi Hendrix, et une Anasounds High Voltage, pour simuler les amplis Marshall Plexi poussés à fond du guitariste.
La Anasounds Feed Me, une Axis Fuzz plug and play
On commence par la Anasounds Feed Me, reprenant les caractéristiques de la Axis Fuzz de Roger Mayer. La Fuzz Face est réputée pour donner le meilleur d'elle même volume et gain à fond, d'où l'absence de réglages sur la pédale. Le contrôle interne de Feed permet donc de contrôler son niveau d'entrée et donc de saturation, tout en laissant le gain du circuit à fond. Tout le reste se fait sur la guitare, avec les réglages de volume et tone, pour un contrôle total du son.
La Signal Cheyne Odyssey 4K, une Fuzz Face modernisée
Deuxième reproduction de Fuzz Face silicium du pedalboard, la Signal Cheyne Odyssey 4K se veut plus complète, avec 4 réglages en façade. On retrouve les contrôles de volume et gain de la Fuzz Face d'origine. La marque n'indique pas si la Odyssey 4K se base sur les modifications de Roger Mayer, mais on trouve quand même un pré gain pour le niveau d'entrée, similaire à la Axis Fuzz, et un bias, permettant de jouer sur la polarisation des transistors, pour des sons velcro plus compressés. C'est donc une fuzz plus polyvalente, pouvant aller sur des sonorités plus modernes de gated fuzz.
Après avoir utilisé une Fuzz Face germanium pendant une très courte période, Jimi Hendrix est passé sur le modèle silicium, plus stable en étant moins sensible aux changements de température. Les transistors silicium permettant de faire des circuits plus fiables, mais aussi moins cher car les composants sont plus courants. Ils résolvent également le problème du positive ground des anciennes fuzz, nécessitant une alim inversée et isolée des autres pédales. Cependant, sur des circuits aussi simples qu'une Fuzz Face, et avec des composants à la tolérance pas aussi précise que ce que l'on trouve aujourd'hui, la moindre petite variation d'un circuit à l'autre impacte énormément le son. Ce qui explique que Jimi Hendrix ait fait appel à Roger Mayer pour la modification de ses pédales, et le fait de devoir tester plusieurs mêmes modèles de fuzz avant de trouver celle qui sonne le mieux pour son utilisation.
Guitariste et bassiste depuis un certain temps, j’ai développé une passion pour les pédales d’effets en m’intéressant à la sonorité et au matos de mes artistes préférés : Rage Against The Machine, Royal Blood, Jack White... Me permettant d’acquérir une grande culture des différents effets et modèles existants. Mais aussi de comprendre leur fonctionnement grâce à mon autre passion pour l’électronique. Avant de me lancer dans la fabrication de pédales, d’abord à titre personnel pour mes propres besoins, puis en devenant ingénieur R&D chez Anasounds. Ce qui m’a permis d’approfondir mes connaissances, tout en partageant ma passion à travers la rédaction d’articles.